Auguste Borget est né le 28 août 1808 à Issoudun (Indre). Issu d'une famille de négociants aisés, il commence ses études au Collège d'Issoudun et entre au lycée de Bourges. Il travaille ensuite dans une banque. En 1829 il quitte le Berry pour la capitale où il devient l'élève de Boichard père et de Théodore Gudin (1802-1880, peintre officiel de la Marine Nationale).
Recommandé par les Carraud qui habitent à cette époque à Saint-Cyr, il fait à Paris la connaissance de Balzac. C'est le début d'une grande amitié entre Balzac, Borget et Zulma Carraud, laquelle accueillera ces derniers au domaine de Frapesle (Issoudun). Balzac dédie d'ailleurs à chacun d'eux un roman de la Comédie humaine: La Messe de l'athée à Borget et La Maison Nucingen à Zulma Carraud.
Auguste Borget entame en 1836 un long voyage autour du monde d'une durée de quatre ans qui le transporte en Amérique du Nord et du Sud, en Orient, en Extrême-Orient et en Océanie. En immersion dans le pays où il se trouve, Auguste Borget vit selon les coutumes des contrées visitées. Il dessine tout avec passion, « d'après nature » et où qu'il se trouve: les paysages et les monuments bien-sûr, mais aussi les villages, les habitations, parfois les plus modestes, les populations et leurs occupations quotidiennes, les fêtes, les processions, etc
Le Vieux Chinois aveugle, dessin mine de plomb, aquarellé
Tombé malade alors qu'il se trouve en Inde, il achève son voyage en 1840. Installé à Paris, il travaille d'après les milliers de dessins et croquis souvent pris « sur le vif » qu'il a ramenés de ses voyages pour réaliser des œuvres à l'huile importantes.
Rue de Clives à Calcutta, dessin mine de plomb et rehauts de gouache
Rue de Valladolid à Lima,
mine de plomb, aquarelle et gouache
Vigie pour l'incendie près de Calcutta,
dessin mine de plomb, aquarellé
Dès 1841 le roi Louis Philippe lui achète un tableau pour sa collection personnelle ; puis la Manufacture de Sèvres lui passe commande pour orner un cabinet au décor chinois qui sera présenté au Louvre en 1844 et offert par Napoléon III au roi de Suède en 1861.
Il participe à de nombreux salons et connaît un succès certain. La beauté de ses tableaux, l'exotisme des paysages emportent le public vers le rêve et la découverte de contrées lointaines et mystérieuses. Il n'existe en effet à cette époque, en France, que peu de représentations de la Chine « pittoresque ». Honoré de Balzac, ami aussi proche que critique d'Auguste Borget, dont il comprenait mal le goût pour l'exotisme, le recommande vivement au public. Auguste Borget expose jusqu'en 1859 au Salon et dans les grandes villes de province, tandis que s'impose la figure du peintre voyageur.
En 1842 Auguste Borget dédie à Louis Philippe un recueil de lithographies intitulé La Chine et les Chinois, que suivra en 1845 un second album, Fragments d'un voyage autour du monde. En 1845 il illustre de 215 vignettes La Chine ouverte de Old Nick [Émile Forgues] et produit de nombreux récits illustrés de son voyage dans L'Art en province. Il donne également beaucoup de ses dessins aux revues L'Illustration et Le Chrétien illustré.
Chapelle du Grand Temple de Macao, extrait de La Chine et les Chinois
En 1854-1855 Auguste Borget peint pour la salle du Conseil général du Cher un grand portrait en pied de Cujas. Après deux ultimes participations au Salon en 1857 et 1859, Auguste Borget va, progressivement, sombrer dans un relatif oubli à partir des années 1860.
Retiré à Bourges depuis 1850-51 et devenu catholique pratiquant, il se consacre aux bonnes œuvres. Il meurt le 25 octobre 1877 après une longue maladie, entouré de ses dessins et souvenirs de voyage. Il est enterré dans le caveau familial du cimetière d'Issoudun.
Outre les éditions mentionnées dans l'article, la Médiathèque Équinoxe conserve un fonds précieux de dessins et croquis d'Auguste Borget, essentiellement consacrés à la Chine, ainsi qu'une riche documentation autour du peintre patiemment collectée par un autre natif d'Issoudun, Ulrich Richard-Desaix. Les Musées de Châteauroux, d'Issoudun et de Bourges possèdent à eux seuls un nombre important d'œuvres d'Auguste Borget, dont les Anglo-Saxons ont, depuis bien plus longtemps, collectionné avec ferveur peintures et aquarelles.
Illustrations sur cette page :
Médiathèque de Châteauroux - Fonds Ed. Richard. Droits réservés
Quelques ouvrages :
- Carnet de voyage Auguste Borget, notes et dessins du Musée Saint-Roch
- Auguste Borget, peintre-voyageur autour du monde, dessins et peintures, exposition du 19 mars au 28 juin 1999, musée de l'Hospice Saint-Roch Issoudun de Sophie Cazé
- La Chine et les Chinois d'Auguste Borget
- Légende chinoise d'Auguste Borget
- Auguste Borget, le voyageur aux mains d'argent
- Voyage de Paris à Java d'Honoré de Balzac
Quelques articles :
- Balzac et le Berry (Cat. exp.), in Le Courrier Balzacien, N° spécial, Oct. 1980. Partie consacrée à A. Borget (illustrations)
- Barbara Giordana, Auguste Borget. Une année en Chine (1838-1839) in Cahiers d'Archéologie & d'Histoire du Berry (n° 181, mars 2010) : le texte de référence sur le voyage en Chine d'A. Borget