Les Livres de Prix existent depuis 1730-1750 seulement dans les collèges. Ce n'est que vers 1820-1830 que cet usage s'étend à l'enseignement primaire surtout au sein des institutions et pensions privées. Ils sont distribués une fois par an au cours d'une cérémonie.
Leur aspect extérieur est soigné et leur contenu est destiné à instruire tout en s'amusant. Jusqu'au vote des lois Jules Ferry (1881-1882), le clergé veille et impose ses propres contraintes.
Les Éditions Mame (Tours)
Le père de la première génération des livres de prix est Alfred Mame (1811-1893). C'est un catholique fervent et autoritaire. Il achète les machines les plus modernes et est présent dans de nombreuses expositions internationales. Son imprimerie occupe deux hectares de terrain dans la ville de Tours, emploie 1 200 ouvriers et ouvrières et produit 20 000 volumes par jour. Il veille à la confection du papier, à la beauté des caractères et au fini des gravures sur acier. De plus, il dispose d'un atelier de reliure dans lequel est utilisé le papier glacé, décoré ou gaufré (de 1835 à 1880), le papier imitant la toile, le satin ou le velours ainsi que la percaline (toile de coton au fil rond et au tissus très ras et très serré). Le plat des livres est frappé d'une couronne de laurier et de chêne à laquelle s'ajoute le nom en lettres d'or de l'institution scolaire. La tranche est jaspée ou dorée.
Ces livres sont bon marché et sont de format moyen (In-1.2° et In-18° le plus souvent).
En 1867, Mame a presque le monopole des livres de prix cartonnés.
Les Éditions Barbou (Limoges)
La maison Barbou est éditeur d'une riche collection d'ouvrages d'éducation, d'une bibliothèque pieuse et de quelques classiques. Les éditions en percaline sont rares et souvent défraîchies. Les cartonnages de papier gaufré sont très beaux avec parfois au centre une petite scène gaufrée et retouchée en couleur.
Les Éditions Ardant
La maison Martial Ardant frères (1837-1865) édite plus de 300 ouvrages. La production est d'un certain luxe : beau et gros caractère, texte encadré et papier pelure devant les gravures. Les matériaux utilisés sont la percaline (ouvrages classiques, livres de prix et d'étrennes), la basane (livres de piété et certains livres de prix), les cartonnages dorés et gaufrés.
Les Éditions Lefort
La librairie Lefort a une abondante production de cartonnages gaufrés. Sa collection de bons livres « La Bibliothèque de Lille » compte 500 volumes en 1851 et 644 en 1861. À cela s'ajoutent des livres de piété reliés en basane gaufrée et des livres de prix en cartonnages variés et en reliure élégantes, mais aussi brochés. Les livres couverts de percaline sont peu nombreux.
Les Éditions Mégard
En 1878, la maison d'édition Mégard est avec Mame la plus importante maison catholique à fournir les livres de prix. Les cartonnages de percaline ont des décors dorés très simples (fleurons, arabesques) et sont souvent défraîchis. Les Livres de Prix étaient aussi recouverts de basane, gaufrée à plaques, de dorure pleine sur le dos avec des filets sur les bords ainsi que sur le plat.
Les auteurs
Les auteurs de ces livres sont soit des anonymes signant de leurs seules initiales, soit des pseudonymes. Parmi eux se trouvent Jean-Just Roy (1794-1871), qui travaille pour Mame, Ardant et Lefort et Jean-Baptiste Champagne (1798-1858), qui signe sous des noms divers chez Lehuby, Mégard, Barbou etc.
Les histoires
Les histoires racontées mettent en scène des enfants placés dans des situations familières. C'est une littérature apaisante sans être nationaliste, mais qui écarte l'image de la société dure et contrastée ainsi que les bouleversements politiques et sociaux vécus par la génération précédente. Les récits de voyage abordent cependant la découverte du monde.