Retour sur les interventions du samedi 18 mars et jeudi 06 mai 2017 dans le cadre des animations Le Livre ancien sort de sa réserve.
Sommaire
Alexandre Dumas père (1802-1870)
Éléments biographiques
Son père était un général mulâtre de la Révolution ayant renoncé à son titre de marquis Davy de la Pailleterie pour adopter le nom de sa mère Césette Dumas, une esclave noire épousée à Saint Domingue par son maître. Il aura plusieurs femmes dans sa vie (au moins 3 liaisons officielles et 3 enfants naturels connus). Sa première femme est une lingère de Villers-Cotteret, qui s'appelle Catherine Labay et qui donnera naissance à Alexandre.
Alexandre Dumas père est un paradoxe à lui seul : génie le mieux payé par rapport à ses confrères, il est en même temps perclus de dettes.
Alexandre Dumas est à la fois un auteur dramatique, le directeur du Théâtre-Historique, romancier prolifique, voyageur (Espagne, Italie et même Russie), chasseur. Il est enfin directeur du journal Le Mousquetaire dans lequel paraîtront ses mémoires. Mais le Théâtre Historique fera faillite au bout de 3 ans, et le château de Monte-Cristo qu'il a fait construire sera saisi par un créancier.
Son œuvre est gigantesque pour l'époque, plus de 300 titres, et ce, grâce à une idée assez géniale pour l'époque : Alexandre Dumas travaille avec plusieurs collaborateurs. Soit Dumas remanie un texte déjà rédigé par l'un d'eux en faisant des ajouts de mots d'auteurs, de plaisanteries, de digressions, soit il leur donne seulement l'idée de départ. Ses collaborateurs ont pour nom Adolphe Leuven, Félicien Mallefille, Paul Meurice, Auguste Vacquerie, Auguste Maquet et Nerval. Dumas pratique donc allégrement la collaboration, l'emprunt et le plagiat.
En 1829, il tente sa chance avec Henri III et sa cour, une pièce qui sera jouée 38 fois. C'est à la fois un succès financier, mondain et littéraire.
Dans les années 1845-46, Alexandre Dumas a plusieurs casseroles sur le feu : il a entamé de front 3 cycles importants dans sa carrière d'écrivain.
Le premier cycle débute avec les Trois Mousquetaires, cycle qui comprendra 26 volumes avec parmi les titres les plus importants :
- La Jeunesse des mousquetaires
- Les Mousquetaires
- 20 ans après = suite des Trois mousquetaires
- Le Vicomte de Bragelonne = dernier volet des Trois mousquetaires qui voit la mort de d'Artagnan
- Le Prisonnier de la Bastille
Puis viendra le second cycle avec La Reine Margot dans lequel on trouve La Dame de Monsoreau et Les 45.
Et enfin le troisième cycle qui regroupera
- Le Chevalier de Maison-Rouge
- Mémoires d'un médecin
- Joseph Balsamo
- Le Collier de la reine
- Ange Pitou
- La Comtesse de Charny
C'est à cette époque, qu'il écrit La Guerre des femmes, récit macho ou récit précurseur du féminisme. Certains y ont vu un clin d’œil à George Sand.
Dans cet ouvrage, Dumas rend hommage à sa façon aux femmes (sortes de mousquetaires au féminin) en les dotant d'armes utilisées par les hommes tels que la ruse, le courage, l’intrépidité, la noblesse et la détermination.
Cette histoire est un récit politique qui se déroule en 1650 en pleine Fronde (1648-1653). Elle met en scène le combat de 2 femmes pour prendre ou garder le pouvoir : la reine Anne d'Autriche et la princesse de Condé.
Dans cette histoire, Dumas joue à Marivaux : déguisements, quiproquos, rebondissements, amours impossibles
Malgré tout, ce récit n'est pas de sa meilleure plume et n'eut que peu de succés.
La Dame de Monsoreau (1846)
Cette histoire fait suite à La Reine Margot.
C'est à la fois une histoire d'amour (entre Louis de Clermont d'Amboise, sire de Bussy et Diane de Méridor, épouse du comte de Montsoreau) et une intrique politique.
On est à l'époque d'Henri III, en 1578. A 27 ans, il succède à son frère Charles IX. Influencé par les mignons et guidé par sa mère, il doit faire face à de multiples complots en provenance du duc d'Anjou, son frère mais aussi des Guise, qui ont créé une ligue de catholiques.
Bussy tombe dans un guet-apens et est soigné par Diane de Méridor promise au comte de Monsoreau. Ils vont tomber amoureux l'un de l'autre. Le comte Monsoreau et le Duc d'Anjou, amoureux de Diane, vont souhaiter se venger.
Roman rédigé à la hâte (intrigue moins serrée et progression plus fantaisiste par rapport aux autres romans), Alexandre Dumas a pris de grandes libertés avec l'histoire et a donné une importance accrue à des personnages entièrement imaginaires ou à des personnages historiques peu connus.
La Dame de Monsoreau paraît en feuilleton dans Le Constitutionnel du 27 août 1845 au 12 février 1846, puis est édité en texte intégral par Pétion peu de temps après.
L'ouvrage fut adapté en pièce de théâtre avec 5 actes et 10 tableaux. Présenté au théâtre l'Ambigu-Comique le 19 novembre 1860, il connut un succès supérieur à celui de la Reine Margot avec plus de 100 représentations. En 1868-69, une reprise eut lieu à la Porte-Saint-Martin avec encore une centaine de représentations.
Alexandre Dumas fils (1824-1895)
Éléments biographiques
Fils naturel, il a longtemps souffert des conflits judiciaires qui opposent ses parents.
À travers son œuvre, il réclame deux lois dont la société a besoin : l'une permettant la recherche de paternité comme remède à la prostitution et l'autre autorisant le divorce comme remède à l'adultère.
Il voue un culte à la maternité et à la femme, fustigeant l'homme qu'il représente comme un séducteur insouciant de naïves jeunes filles.
Son théâtre est au service des grandes réformes sociales. Il invente la pièce à thèse, qui permet d'aborder des sujets de société controversés comme la prostitution par exemple.
Cela donne à l'ensemble de son œuvre une raideur monotone.
Au contraire de son père, il est admis à l'Académie française et sera pendant longtemps le plus célèbre des deux Dumas.
Grand admirateur de George Sand, qu'il appelle d'ailleurs « Sa chère maman », il fait plusieurs séjours à Nohant.
En 1847 son premier roman s'intitule Aventures de quatre femmes et d'un perroquet.
Il écrira une vingtaine de romans dont le plus célèbre, la Dame aux Camélias, publié en 1848. Il sera adapté au théâtre à partir de 1852. Et Verdi s'en inspirera pour composer son opéra La Traviata, représenté à Venise en 1853.
En 1849, il publie entre autre le Roman d'une femme et Sophie Printemps en 1854.
Il est par ailleurs l'auteur d'une quinzaine de pièces de théâtre.
Alexandre et George Sand
Les relations avec Alexandre père furent souvent mouvementées.
Alexandre Dumas fils a pour maîtresse la comtesse Lydie Nesselrode, mariée au fils d'un ministre du tsar beaucoup plus âgé qu'elle. Éperdument amoureux, il suit le couple jusqu'à la frontière de la Pologne russe où il est bloqué. Il s'installe à l'auberge de Myslowitz et une personne lui remet un paquet contenant des lettres de George Sand à Chopin. Ces lettres arriveront jusqu' à Nohant et George Sand lui en sera très reconnaissante. En effet, ces lettres contenaient des éléments sur ses conflits avec sa fille Solange. De cette histoire, elle concevra pour Alexandre fils un amour maternel. Elle écrira : « Moi je l'aime comme si je l'avais mis dans ce monde ». Elle le reçoit à Nohant et lui écrit également souvent.
En parlant de son père, elle lui écrit : « Vous ne le changerez pas en effet, et vous porterez le poids de cette double gloire. La vôtre avec tous ses fruits et la sienne avec toutes ses épines. Que voulez-vous ? Il a engendré vos grandes facultés et il se croit quitte envers vous… C'est un peu dur et difficile d'être forcé parfois de devenir le père de son père... »
Pour finir sur une anecdote qui a son intérêt : Alexandre Dumas, père, est venu jusqu'à Châteauroux pour rendre visite à sa fille Marie-Alexandrine, épouse éphémère d'Olinde Pétel (un des secrétaires de Alexandre Dumas père et auteur de poésies), qui habitait dans une maison située entre l'actuel Musée Bertrand et l'église Saint-Martial.