On sait peu de choses à propos des origines exactes de la musique que l'on désigne aujourd'hui comme le blues. Il est difficile de dater précisément ses origines, en grande partie parce que ce style de musique a évolué sur une longue période et existait avant même d'être employé sous ce terme.
Une référence importante à ce qui se rapproche étroitement du blues date de 1901, lorsqu'un archéologue du Mississippi a décrit les chansons des ouvriers et esclaves noirs dont les chants reposaient sur des thèmes et des éléments techniques caractéristiques du blues.
Le terme Blues vient de l'expression anglaise « Blue Devils », littéralement « diables bleus » qui signifie idées noires, d'où est née l'expression « avoir le blues ». Ce style musical est à l'origine un chant populaire issu d'une culture orale qui a évolué sur une longue période. Celui-ci serait apparu aux États-Unis durant la guerre de Sécession dans les plantations de coton du Delta-Mississipi où les cris, les appels et les chants de travail avaient pour fonction de rythmer le labeur. C'est avant tout la musique des noirs durant l'esclavage.
Un héritage africain
L'héritage africain est dominant dans ce type de musique. Le bluesman est à la fois le descendant déraciné du conteur, du griot africain, du troubadour du pays d'Oc et des bardes Celtes. En effet, le chant traditionnel africain (un soliste et la réponse en chœur du groupe) qui rythmait le travail des champs en Afrique de l'Ouest semble avoir été réutilisé tel quel dans les plantations américaines. Utilisant un langage codé qui ne pouvait être compris que par une communauté, les esclaves pouvaient ainsi communiquer entre eux ou exprimer un ressentiment sans risquer les représailles de leurs maîtres. La naissance du blues proprement dit daterait probablement de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle. Dans le même temps apparaît une culture négro-américaine forgée par l’isolement et la répression imposés par les lois ségrégationnistes.
Un style plus urbain
La fin de la guerre de sécession et les chutes des cours de coton sont à l'origine d'un changement d'activité pour les esclaves noirs. Toute l'activité économique du Sud étant basée sur le coton, la chute des cours de ce produit a créé une crise économique et un exode des blancs et des noirs vers les états du Nord. Le passage de la ligne qui sépare les états ségrégationnistes de ceux qui ne le sont pas signifie la promesse de la liberté et la perspective d'une vie meilleure. Cet important mouvement migratoire vers les grandes villes a fait émerger différents styles régionaux.
Au milieu des années 40, les quartiers noirs de Chicago sont devenus des ghettos abritant les paysans noirs venus du Mississipi, faisant évoluer le blues du Delta vers un style plus urbain.
Après l’attaque de Pearl Harbour, les Américains ont fait venir des noirs du Texas en Californie pour travailler sur les chantiers navals durant l’hiver 1941-42. Cette région ouverte aux influences hispano-mexicaines a rapidement fait évoluer la tradition musicale rurale vers un style original d’inspiration hispanique grâce au flamenco et au piano, donnant ainsi naissance au blues électrique.
La Nouvelle-Orléans
Un nouveau style émerge à la Nouvelle-Orléans après 1945 : le Rythm and Blues, empruntant aux multiples traditions de cette ville cosmopolite. La création de studios d’enregistrement et la présence de producteurs locaux jouent un rôle quant à la formation de compagnies indépendantes et à la définition du style néo-orléanais. Celui-ci se caractérise par la prédominance du piano et de pièces issues du boogie-woogie ainsi qu’une remarquable puissance vocale des chanteurs afin qu’ils puissent « crier leur blues ». Ce mélange donne lieu à une musique débridée, pleine d’entrain et de bonne humeur, précurseur du Rock and roll, qui contraste avec le blues du Mississipi ou celui de Chicago.