Très connue en Écosse et en Bretagne, la cornemuse est aussi très présente dans le monde entier. Nous vous proposons de découvrir quelques unes de ces cornemuses, toutes originaires du centre de la France.
Petit panorama des cornemuses du Centre-France
La cornemuse est un instrument de musique à vent, composé d'un sac en cuir, qui fait office de soufflerie, et de tuyaux percés. Très connue en Écosse et en Bretagne, elle est aussi très présente dans le monde entier où se cache une étonnante variété de modèles, plus d'une centaine sur la planète! Toutes ont les mêmes caractéristiques : une poche (ou un sac) étanche, généralement d'origine animale, dans laquelle l'instrumentiste insuffle de l'air, le plus souvent par la bouche, quelquefois avec un soufflet. L'air est ensuite expulsé vers des tuyaux en bois dont les extrémités sont équipées à l'intérieur de anches simples ou doubles. Nous vous proposons ici un petit panorama des cornemuses du centre de la France.
Sommaire :
- La musette « 13 pouces » du Berry
- La cabrette
- La cornemuse Béchonnet
- La cornemuse « le 16 et 18 pouces »
- La cornemuse limousine
- La grande cornemuse bourbonnaise
La musette « 13 pouces » du Berry
La « Musette » du Berry, qu'on appelle aussi « Chieuve » ou « Panse d'ouaille » est une cornemuse à deux bourdons du type commun au Nivernais, au Morvan, au Bourbonnais, à la Haute-Marche et Basse-Auvergne. D'une hauteur d'environ 38 cm, le hautbois est le tuyau mélodique de l'instrument, c'est la partie où le musicien pose ses doigts pour émettre les notes de musique.
La Cabrette
Instrument typique de l'Auvergne, la cabrette a subi deux changements de structure en un siècle et demi. Au départ, c'était une cornemuse à bouche médiévale avec un gros bourdon (et peut-être un petit d'après l'iconographie). Vers 1880, l'émigration auvergnate à Paris provoque une évolution de la musique régionale ainsi que des instruments. Ces nouveaux arrivants, inspirés par la musette de cour, imaginent la cabrette à soufflet.
Le retour au pays des natifs du Massif Central ramène le soufflet et l'accordéon, qui avec ses harmonies « à la main gauche », tend à éliminer le bourdon. Conjointement, à Paris comme en Auvergne, le pied de la cabrette s'allonge pour s'adapter au nouveau répertoire : la valse et la marche qui remplacent petit petit la traditionnelle bourrée modale.
La cornemuse Béchonnet
C'est une cornemuse bourbonnaise à laquelle on a adjoint un soufflet et modifié le nombre et la position des bourdons. Cet instrument d'une facture très soignée, était exclusivement fabriqué par Joseph Béchonnet (1820-1900), à Effiat (nord du Puy-de-Dôme) dans la seconde moitié du XIXe.
La cornemuse « le 16 et 18 pouces »
Au début du XXe siècle, les provinces du Centre (Berry, Bourbonnais, Nivernais) adoptent la cornemuse à hautbois de 16 pouces, déjà très répandue en Bourbonnais. Parallèlement à sa généralisation, les bourdons, ressentis comme une incongruité, sont supprimés. La cornemuse est enfin capable de rivaliser avec les instruments modernes et de se maintenir miraculeusement jusqu'à nous. Les sociétés de musiciens traditionnels (Gâs du Berry, Maîtres Sonneurs Bourbonnais) hâtent l'emploi uniforme du « 16 pouces ». Malgré l'évolution de la cornemuse qui lui permet de rivaliser avec les instruments modernes, celle-ci est progressivement remplacée par la clarinette et le piston. La survie des musiciens passe par l'adoption des airs nouveaux et l'entente avec les nouveaux venus.
La cornemuse limousine
La cornemuse limousine est connue sous le nom de « chabreta » ou de « charmela ». Parfois joué seul, l'anche était alors protégée par un bocal de bois tourné. Cette cornemuse se compose d'une poche piriforme - en forme de poire -, d'un porte-vent, et d'un boîtier (l'empenche) où s’emboîtent le hautbois et le petit bourdon.
Cette cornemuse ne semble pas remonter au-delà du XVIIIe siècle. Cet instrument ne s'est guère joué après la guerre de 1914-18, concurrencé par d'autres instruments dont la cabrette de style auvergnat.
La grande cornemuse bourbonnaise
La grande cornemuse bourbonnaise a connu son âge d'or au XVIIIe siècle, elle s'est tue progressivement dans la première moitié du XIXe. Les marges bourbonnaises du Berry, du Nivernais, de la Haute-Marche et Basse-Auvergne ont également dansé au son de cet instrument que George Sand, dans Les Maîtres Sonneurs décrit ainsi :
« […] c'était une musette si grande, si grosse, si belle que c'était de vrai une chose merveilleuse et telle que je n'en avais jamais vue. Elle avait double bourdon, l'un desquels, ajusté de bout en bout, était long de cinq pieds, et tout le bois de l'instrument, qui était de cerisier noir, crevait les yeux par la quantité d'enjolivures de plomb, luisant comme de l'argent fin, qui s'incrustaient sur toutes les jointures. Le sac à vent était d'une belle peau, chaussée d'une taie d'indienne rayée bleu et blanc ; et tout le travail était agencé d'une mode si savante, qu'il ne fallait que bouffer bien petitement pour enfler le tout et envoyer un son pareil à un tonnerre »
En 1842, elle relate sa rencontre avec un ménétrier berrichon qui lui dit jouer de la « cornemuse à gros bourdon » et avoir appris chez les bûcherons du Bourbonnais :
« jeune, sérieux, noir comme un pifferaro de la Calabre, allant de fête en fête, jouant tout le jour et ne dormant pas depuis trois nuits parce qu'il lui fallait faire six ou huit lieues avant le lever du soleil pour se transporter d'un village à l'autre »
Contrairement aux documents iconographiques, les instruments de ce type, gravés ou incrustés d'étain sont encore nombreux dans les musées ou collections privées. Seuls quelques croquis et dessins de Maurice Sand nous montrent des joueurs de grandes cornemuses.
Quelques liens :
- Petite histoire de la cornemuse
- Rencontre avec un fabricant de cornemuses
(vous pouvez vous inscrire gratuitement sur le site de la Cité de la Musique si vous êtes abonné des Bibliothèques de Châteauroux) - La Société Fraternelle des Cornemuses du Centre
Cornemuses
La musique du Berry et du Bourbonnais ne peut-être dissociée de la cornemuse