Maurice Nadeau

Né en 1911, Maurice Nadeau, ancien résistant, instituteur, journaliste, éditeur, critique littéraire, « dénicheur de talents » est décédé à l'âge de 102 ans. Issu d'une famille prolétaire, orphelin de père à 5 ans – tué durant la bataille de Verdun – Maurice Nadeau est élevé par une mère sans instruction qui, malgré sa condition, encourage son fils à étudier.

maurice nadeau

Hommage au critique, éditeur et découvreur de talents Maurice Nadeau


Diplômé de l’École normale des instituteurs puis de l’École normale supérieure, Maurice Nadeau devient instituteur. Inscrit au parti communiste, il rejoint le mouvement trotskiste et devient militant. En 1945, il publie L'Histoire du surréalisme et s'attire les foudres d'André Breton.

À la Libération, il décide de quitter l'enseignement pour se consacrer au journalisme. Il est engagé comme directeur littéraire pour la revue Combat dirigée par Albert Camus et Pascal Pia. C'est en 1947 que Maurice Nadeau entre dans l'édition – notamment chez Jullliard et Denoël -, et seulement en 1977 qu'il fonde sa propre maison d'édition, qui devient en 1979 Les éditions Maurice Nadeau.

Éditeur exigeant, il a découvert et publié de nombreux écrivains du XXe siècle devenus célèbres : Henri Michaux, Beckett, Claude Simon, Thomas Bernhard, Georges Perec, Henry Miller, Michel Leiris, Roland Barthes, jusqu'à Michel Houellebecq, dont il édite en 1994 L'extension du domaine de la lutte...

Membre du jury Renaudot de 1945 à 1969, Maurice Nadeau a aussi écrit Le Roman français depuis la guerre (1970), une anthologie de la poésie française (en collaboration, 1970-1972) et publié plusieurs recueils de souvenirs et de chroniques littéraires :

  • Grâces leurs soient rendues. Mémoires littéraires, 1990
  • Serviteur ! Un itinéraire critique à travers livres et auteurs depuis 1945, 2002
  • Une vie en littérature, 2002
  • Journal en public, 2006

Lecteur infatigable, considéré comme une sorte de « continent littéraire à lui tout seul », Maurice Nadeau a non seulement révélé mais fréquenté les plus grands écrivains du XXe siècle, à commencer par les surréalistes. Il vivait par et pour la littérature.

En dépit de son influence sur la vie littéraire française et son talent à dénicher de nouveaux talents, l'éditeur n'a pourtant pas contribué à sa fortune personnelle ni, d'ailleurs, à celle des maisons d'éditions pour lesquelles il a travaillé avant de fonder la sienne propre. Sa gloire personnelle ni le chiffre d'affaire ne l'ont jamais intéressé, publier ce qu'il aimait lui suffisait.

La Quinzaine littéraire

Fondée en 1966, La Quinzaine littéraire, dont l'aspect plutôt austère contraste avec la richesse du contenu, se veut totalement indépendante. Les expériences littéraires les plus radicales et les plus originales y trouvent un écho, une critique, parfois une tribune, faisant de la revue un observatoire et un laboratoire vivants de la création littéraire.

Malheureusement peu connue du grand public et très tôt menacée de disparition, La Quinzaine a été sauvée in extremis par son fondateur et a fonctionné depuis sur un mode participatif : aucun contributeur n'est payé, ceci depuis le n°2, soit 47 ans ! Un modèle de longévité économique ?

Pourtant, Maurice Nadeau a dû consacrer ses dernières forces a sauver la revue de la faillite (voir Le Monde du 17 juin 2013). L'éditeur avait proposé de créer une société participative pour sauver le journal. Dans la Quinzaine du 16 mai 2013, Maurice Nadeau lançait un ultime appel. Grâce aux réseaux sociaux et à la création d'une page web, 17 000 euros de souscriptions et 11 000 euros de dons pour l’association des Amis de la Quinzaine ont pu être récoltés.

Pour en savoir plus :

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« Entretien avec Maurice Nadeau » à lire dans la Revue XXI n°15, Été 2011.