Tanguy Viel passe à Brest les douze premières années de sa vie. Objecteur de conscience au centre dramatique de Tours, « ses possessions sur terre se limitaient à six cartons, dont cinq de livres », si l'on en croit François Bon. Il habite chambres de bonne et greniers improbables, toujours proches du centre de la ville et de ses bars.
« Par un temps sec et froid », il se voit refuser un premier manuscrit par les éditions de Minuit, qui publieront son premier roman, Le Black Note. Il n'a que vingt-quatre ans, et le ton est déjà posé : écriture ciselée et quasi-cinématographique pour personnages imparfaits, saluée franchement par la critique.
©livres.fluctuat.net
« Viel, en allemand, signifie "beaucoup". Tanguy Viel n'a rien de germanique : il est né à Brest et vit aujourd'hui à Nantes, après un détour par le Berry puis Tours. Mais on devine beaucoup de mer dans les rares silences de ce jeune homme souriant qui aime Conrad et Melville autant que Beckett et Blanchot. Pères et mer, donc. On lui sait aussi beaucoup de dons, et sans doute beaucoup d'avenir, depuis qu'on l'a découvert en 1998 avec Le Black Note, un premier roman qui aurait dû s'appeler My Favorite Things, en hommage au quartette de John Coltrane. Jérôme Lindon n'avait pas voulu de ce titre, mais bien d'un livre qui révélait une écriture prête déjà à la réflexivité, au retravail des clichés. Tanguy Viel avait vingt-cinq ans, et l'impatience obstinée d'un pur écrivain, soucieux des formes et de leur histoire, doué d'une intelligence narrative assez phénoménale. Cinéma, son deuxième roman publié en 1999, confirmait cette impression, en réussissant une sorte de pari romanesque un peu fou : tout le livre était construit à partir du dernier film de Joseph Mankiewicz, Le Limier, dont le déroulement finissait par se confondre avec la vie du narrateur. À la fois exercice de style virtuose et réflexion en abyme sur la représentation, Cinéma témoignait d'un goût très fort pour les dispositifs fictionnels, comme si l'auteur s'interrogeait sur l'après possible de la postmodernité... »
Fabrice Gabriel (Les Inrockuptibles, 21 août 2001)
ttt
À emprunter dans vos bibliothèques
La disparition de Jim Sullivan
« Dans son sixième roman, Tanguy Viel reprend à son compte tous les clichés du roman américain contemporain, qu'il confronte à la conception française du genre. Entre plaisir du récit et critique malicieuse : un pur régal. »
L'Express le 9 avril 2013
« De tout cela surgit un véritable petit joyau littéraire. Assurément le livre le plus enlevé de Tanguy Viel, formidable exercice d’écriture et de lecture critique. [...] Tanguy Viel ou l’art d’accommoder les poncifs à la grande sauce littéraire. »
L'Humanité, le 25 mars 2013
« Un zeste d'ufologie, des barbecues géants, des routes toutes droites témoignent d'un sens aiguisé du détail qui fera reconnaître au lecteur qu'il est dans un authentique roman américain. On ne sait bientôt plus si la parodie se joue de l'intrigue, ou l'inverse. Écrire, c'est mystifier. Chapeau, the artist ! »
Bibliobs, le 15 mars 2013
« Ceci n’est pas tout à fait un roman, même si c’en est aussi un, mais le making of du roman, son atelier d’écriture à la lumière de la question. »
Libération, le 11 mars 2013
Paris-Brest
« Tanguy Viel, styliste virtuose, portraitiste à l'humour discrètement vinaigré, ne néglige ni l'histoire, ni les personnages, ni les décors […] C’est le roman le plus étrange de Tanguy Viel, le plus dérangeant, le plus profond peut-être aussi, le plus cruel sûrement. »
Les Inrockuptibles
« Il [Tanguy Viel] réussit une mécanique parfaitement ciselée, qui mêle une écriture très Nouveau Roman et une intrigue digne des meilleurs polars britanniques à l’ancienne. »
Lire
« Tanguy Viel est un fameux styliste, sachant comme personne brasser les hypocrisies, les non-dits et les tourments indiscrets dans le grand air du large »
Le Nouvel Observateur
Insoupçonnable
« Insoupçonnable est un roman gothique passé à la vitesse du meilleur cinéma. »
Josyane Savigneau (Le Monde, jeudi 24 février 2006)
« Tanguy Viel fait partie de ces écrivains dont on attend à chaque fois le nouveau roman avec impatience. »
Nathalie Crom (La Croix, jeudi 16 février 2006)
« L’auteur du Black Note impose un timbre de voix à la fois lumineux et rocailleux. Il met une langue littéraire (ça s’entend) au service d’un univers cinématographique (ça se voit). »
Nelly Kaprièlian (Les Inrockuptibles, 1er février 2006)
« Extraordinaire scène où le couple attend sur la plage l’arrivée d’une valise bourrée de dollars. Amour. Tension. Violence. Beauté. Le ciel est bleu. Le soleil est jaune. Les arbres sont verts. La mallette est noire. Tout y est. Tanguy Viel est un lecteur de Proust, de Faulkner, de Claude Simon, de Conrad. »
Marie-Laure Delorme (Le Journal du Dimanche, dimanche 5 février 2006)
Cinéma
« Le narrateur de Cinéma est prisonnier esclave, de sa fascination pour Sleuth. “ Suspendu à un film ”, il l'est au point, non seulement de le revoir sans cesse, mais aussi de sélectionner ses amis en fonction de la capacité de chacun à toucher ou non cet essentiel du film qu'il pourchasse dans la forêt des images sans réellement parvenir à le saisir, cet essentiel du film autour duquel il ne cesse de tourner, ce point aveugle et fuyant où bat le cœur de sa fascination. »
Bertrand Leclair (Les Inrockuptibles, 1999)
L'absolue perfection du crime
« L'Absolue perfection du style »
Télérama, le 25 mai 2006
« Les personnages de Tanguy Viel habitent des fidélités impossibles, ce sont des hommes qui se déchirent le cœur pour ne pas mourir. Comme dirait Neuhoff, on aimerait un peu de musique pour les accompagner, pour qu'ils se sentent moins seuls. »
Daniel Rondeau (L'Express, le 13 septembre 2001)
Le Black note
« Ce beau roman de Tanguy Viel se lit comme un thriller et s'écoute comme un thème de jazz torturé, sublimé, décliné dans le cerveau malade d'un jeune homme au bout du rouleau. Cette histoire, finalement simple, d'un groupe de jeunes qui confond paradis artificiel et quête magique de la “ note bleue ”, ne tient que par le mode syncopé du récit et par cette écriture haletante qui est voix, improvisation, confession, quête d'identité. Cri. »
Bertrand Leclair (Les Inrockuptibles, 22 avril 1998)
« Il y a dans le tourbillon narratif qu’est Le Black Note, au-delà du désir de tendre vers une impossible transposition du phrasé de John Coltrane, comme une tentative de s’arracher, au moyen d’accélérations brutales, au centre de gravité que forment la mémoire et la langue. Comme s’il s’agissait non pas de retrouver via l’écriture le chemin d’un centre, d’un lieu idéal de soi-même, mais au contraire de s’en débarrasser, de s’arracher au tourbillon par une accélération digne des transes du jazz des années mythiques. »
Michèle Gazier (Télérama, 1998)