Witold Gombrowicz

Vous dites, mauvais roman ?

En juin 1939, démarre le feuilleton Les envoûtés qui paraît sous le pseudonyme de Zdzislaw Niewieski, dans les journaux de Varsovie. Ce roman est une parodie des romans d'épouvante dans le genre gothique, doublé d'un roman feuilleton à la Eugène Sue. Sa parution est interrompue en juin 39 avec la guerre. En 1986, un intellectuel polonais découvre inopinément les trois derniers épisodes qui paraissent dans la revue Argumenty. Gombrowicz n'a pas revendiqué la paternité de ce roman feuilleton écrit pour des raisons financières, si ce n'est à la fin de sa vie. Il sera édité en livre en 1973.

« Qu'est-ce qu'un « bon roman pour les masses » ? […] Un roman destiné aux masses – un roman qui soit vraiment le leur – doit être fait de ce qui plaît vraiment aux masses, de ce qu'elles vivent. Il doit toucher les instincts les plus bas. Il doit être un déchaînement de l'imagination dans le sale, le trouble, le médiocre… Il doit être pétri de sentimentalité, de convoitise, de sottise… […]

Je suis néanmoins porté à croire que cette idée de « mauvais roman » fut l'apogée de toute ma carrière littéraire – jamais, ni avant ni après, je n'ai conçu d'idée plus créatrice. […] »

Souvenirs de Pologne