Pourquoi adapter une bande dessinée au cinéma ? Plutôt que de miser sur un scénario et un univers originaux, les producteurs choisissent parfois de financer une adaptation, que ce soit de bande dessinée, de roman, voire de série télévisée...
Pour le réalisateur, c'est souvent l'occasion de donner vie à une création qui a pu le marquer. Le spectateur espère retrouver le plaisir qu'il avait eu devant l’œuvre sous sa forme première. Quant au producteur, c'est une manière pour lui de diminuer sa prise de risque : une adaptation est susceptible d'attirer des spectateurs qui connaissent la licence originale.
Le petit plus quand on veut adapter une bande dessinée sur grand écran plutôt qu'un roman, c'est que l'on a déjà à disposition un storyboard et tout un travail relatif à la partie visuelle du film.
Sommaire :
- Les premières années du cinéma
- Le cinéma d'animation
- L'école franco-belge
- Les mangas
- Les comics de super-héros
- Conclusion
Les premières années du cinéma
Des adaptations de bandes dessinées ont eu lieu dès les premières années du cinéma, même à l'époque des films muets. C'est ainsi que les spectateurs américains ont pu retrouver sur grand écran des films adaptés de comic strips (bandes dessinées américaines) populaires, telles que Bringing Up Father (la Famille Illico) en 1915 ou Little Orphan Annie en 1932.
Suivront ensuite pendant la première moitié du XXe siècle de nombreuses adaptations en serials, des films à petits budgets diffusés sous forme de feuilleton avant un ou deux longs métrages à plus gros budgets. Un serial était diffusé par épisode, semaine par semaine, dans un même cinéma, afin de fidéliser le spectateur. C'est ainsi que plusieurs comics de héros voire de super-héros furent adaptés en serials quelques années seulement après leurs naissances sur papier.
Il fut donc possible de suivre les aventures de Flash Gordon (1936), Mandrake le magicien (1939), Captain Marvel (1941), Batman (1943), Captain America (1944) ou encore Superman (1948). Les serials étaient destinés essentiellement à divertir les spectateurs. Les historiens du cinéma leur reprochent souvent de manquer d'ambition et d'originalité.
Le cinéma d'animation
L'utilisation d'acteurs réels pour représenter des personnages constitués à l'origine seulement de quelques traits peut poser parfois quelques difficultés, l'aspect caricatural du physique des personnages disparaissant. Une manière de s'affranchir de ces problèmes fut de transposer des bandes dessinées en conservant la forme du dessin mais en l'animant. En fait, il s'agit de la forme la plus évidente que l'on pouvait imaginer pour adapter une bande dessinée...
Ainsi les plus célèbres des héros de papier virent leurs aventures s'animer dans les salles obscures. Le premier long métrage des Schtroumpfs fut projeté en 1965 (Les aventures des Schtroumpfs), celui d'Astérix en 1967 (Astérix le Gaulois) et celui de Lucky Luke en 1971 (Daisy Town).
Parmi les adaptations récentes, on en trouve quelques unes réalisées par les auteurs des bandes dessinées eux-mêmes, tel que Zep avec Titeuf en 2011 ou Joann Sfar avec Le Chat du rabbin la même année.
D'autres films d'animation disponibles à la médiathèque :
L'école franco-belge
Les adaptations de bandes dessinées franco-belges ne comptent cependant pas que des dessins animés.
Le premier film mettant en scène Tintin, Le Crabe aux pinces d'or, fut réalisé en 1947 avec des poupées de chiffon, suivi de deux films en prises de vues réelles avec Jean-Pierre Talbot dans le rôle de Tintin sur des scénarii originaux (Tintin et le mystère de la Toison d'Or en 1961 et Tintin et les Oranges bleues en 1964).
Sortie la même année que Daisy Town, en 1971, une adaptation de l'album de Lucky Luke Le Juge fut tournée avec des acteurs. L'originalité de cette adaptation réside dans le fait que Lucky Luke est tout simplement absent du film remplacé par un personnage secondaire, l'histoire étant centrée sur le juge Roy Bean incarné par Pierre Perret.
Après une petite dizaine de longs métrages d'animation, ce fut enfin le tour d'Astérix de se voir incarné par un acteur dans Astérix et Obélix contre César en 1999.
D'autres adaptations ont eu moins de succès, telles que celles de Gaston Lagaffe ou des Bidochons.
d'autres films disponibles à la médiathèque :
Les mangas
Le pays du soleil levant, très prolixe en mangas (bandes dessinées japonaises), n'a pas non plus échappé aux adaptations sur grand écran.
De nombreuses séries animées télévisées dérivées de mangas ont connu des adaptations sur grand écran. Généralement, il s'agit d'histoires originales qui s'éloignent de la trame du manga. Rares sont celles qui ont été diffusées sur les écrans français (par exemple quelques films de Dragon Ball Z ou One Piece).
D'autres mangas n'ont pas été adaptés en série à la télévision, mais seulement en longs-métrages. C'est le cas pour Gen d'Hiroshima (1983), Nausicaä de la vallée du vent (1984) ou Akira (1988). Dans ces cas, la trame reprend celle du manga et n'est pas une histoire originale.
D'autres adaptations sont aussi réalisées en prises de vue réelles, telle la première adaptation de Gen d'Hiroshima, 7 ans avant la version animée.
Dans les adaptations plus récentes, on peut retenir celles de Death Note (2006), Gantz (2011) ou 20th Century Boys, qui en 3 films reprend les 24 tomes du manga (prix de la meilleure série au Festival d'Angoulême en 2004) au prix de quelques concessions.
Quelques curiosités aussi, comme l'adaptation de Quartier Lointain de Jiro Taniguchi, qui voit l'adaptation transposée du Japon à la France des années 50, ou l'adaptation américaine de Dragonball qui s'affranchit totalement de l'histoire originale pour ne garder que des personnages vaguement ressemblants.
La longueur de beaucoup de mangas fait que, souvent, seule une petite partie de l'histoire est transposée à l'écran.
Autre film disponible à la médiathèque :
Les comics de super-héros
Aujourd'hui, les adaptations les plus nombreuses viennent des États-Unis, qui s'en donnent à cœur joie avec les transpositions de comics de super-héros, avec plus ou moins de succès. Ce sont principalement les catalogues de personnages des plus grandes maisons d'édition de comics qui sont adaptés.
Ainsi, DC (Detective Comics), après une première série d'adaptation de Superman avec Christopher Reeves dès 1979, puis dix ans plus tard avec les Batman de Tim Burton, a commencé à remettre en avant les héros en collants. La nouvelle trilogie Batman réalisée par Christopher Nolan et commencée en 2005 a même été récompensée par de nombreux prix, dont l'Oscar du meilleur second rôle masculin pour Heath Ledger.
DC se paie même le luxe de ne pas utiliser le nom de certains héros dans le titre des films, mais à la place leur surnom, moins connu du grand public. Ainsi Batman devient The Dark Knight (le Chevalier Noir) et Superman Man of Steel (l'Homme d'Acier).
Mais c'est son concurrent, Marvel Comics, qui dès 2000 avec X-Men et 2002 avec Spider-Man a fortement accéléré l'engouement du public pour les super-héros. De (trop ?) nombreuses séries de leur catalogue ont ainsi déjà été adaptées avec plus ou moins de réussite.
Il est intéressant de noter que Marvel a initié un concept qu'il utilisait dans leurs éditions papier : raconter d'abord les aventures de différents super-héros dans des films distincts, pour au final les réunir dans un film collectif. Ainsi Iron-Man (2008), l'Incroyable Hulk (2008), Thor (2011) et Captain America, the first Avenger (2011) préparaient le terrain pour Avengers (2012). Ces films font partie de ce qui s'appelle le Marvel Cinematic Universe.
Avant de produire des films en son nom propre, la Maison des Idées (surnom de Marvel) a vendu les droits d'adaptation de certains de leurs personnages (Spider-Man, les X-Men...) à différents studios de cinéma (Sony, 20th Century Fox...). Cette disperson des droits ne permet pas de faire cohabiter tous ces personnages dans le même univers cinématographique (contrairement à ce qui peut se passer dans les comics).
Suite aux relatifs échecs des deux films de la série The Amazing Spider-Man, dont les droits étaient acquis par Sony, Spider-Man est finalement intégré au Marvel Cinematic Universe grâce à un partenariat entre Marvel et Sony, avec une première apparition dans Captain America : Civil War (2016). L'univers "étendu" du Marvel Cinematic Universe inclut aussi plusieurs séries télévisées (Agents du SHIELD, Daredevil, Jessica Jones...).
Warner a effectué une première tentative d'univers cinématographique partagé DC. Mais à vouloir aller trop vite (sortir Justice League - une équipe de super-héros- sans avoir sorti les films des personnages individuels avant) et avec un scénario un peu faible, le succès n'a pas été au rendez-vous. Les films solos Wonder Woman et Aquaman ont quant à eux eu plus de réussite.
Une troisième franchise de comics, adaptée des comics de l'éditeur Valiant - beaucoup moins connu que Marvel et DC - va tenter de se construire prochainement, en commençant par un film adapté de Bloodshot (sortie prévue en mars 2020).
d'autres films de super-héros américains disponibles à la médiathèque :
Conclusion
Suite au succès actuel général des adaptations de bandes dessinées au cinéma, de nombreux projets sont en cours, que l'œuvre d'origine soit européenne, américaine ou asiatique. Peut-être jusqu'à ce que le public fasse une overdose. Il est possible que le rythme des adaptations diminue, même si cela semble peu probable pour l'instant, les studios de productions semblant parfois assez frileux devant des créations originales.
De toute manière, adaptation ou pas, le principal c'est que le film soit réussi !
Téléchargement :
chronologie des films adaptés de BD (mise à jour : 30 juillet 2024)